eudi, je me décide finalement de partir vers la France. On vient me chercher vers 10h30 et nous
partons vers Saint-Rémy de Provence où nous logerons dans la maison de Thierry Franck. Le voyage se passe sans problème et nous arrivons à destination à 20h30. Il fait très chaud et le vent
souffle avec violence. Après avoir déchargé vélos et sacs nous nous rendons dans un restaurant et rentrons vers 23h. A minuit les effets secondaires commencent à se manifester et je me rends
aux toilettes 4 ou 5 fois.
endredi matin, comme mon orteil ne me fait plus souffrir, Alex me conseille d'abandonner le
traitement. Je prends 2 entérol. Je n'ose pas les accompagner pour des visites de cave à Vacquyras et près de Bédoin. Je reste donc à Saint-Rémy avec le journal l'Equipe et des mots croisés que
j'avais pris par hasard. Le temps est toujours très chaud et le vent aussi fort. Ils rentrent vers 16h. Avec Arthur nous allons faire 1 h de vélo pour nous dégourdir les jambes tandis qu'Alex
va remplir les formalités de départ. Le soir Aurélie nous prépare des spaghettis que nous dégustons avec un peu de vin ramené pour goûter.
amedi, La nuit s'est passée sans problème. Je reprends malgré tout 2 Entérol. Vers 8h nous partons
vers Bedoin pour assister à 9h30 au départ d'Alex. Nous nous rendons ensuite chez le viticulteur qui nous avait donné du vin à goûter, puis allons faire les provisions pour le dîner et la
journée du Ventoux. La température est toujours aussi élevée et à partir de 15 h le vent recommence. L'après-midi nous faisons une sieste de 2 h puis équipons les vélos avec les éclairages.
Vers 19h Aurélie et Alex vont manger en ville, je n'ose pas les accompagner et achève les spaghettis de la veille avec une côtelette et du pain. Vers 21 h nous préparons boissons, tartines ou
sandwiches pour la longue journée qui nous attend. On quitte Saint-Rémy vers 22h30.
e dimanche de Pentecôte, nous avons décidé avec Arthur de nous attaquer au mont
Ventoux. Le but d’Arthur est de rouler 24 heures et de réaliser si possible 8 montées. Le mien est de devenir « bicinglé du Ventoux » c'est-à-dire de faire 2 fois chacune
des 3 ascensions. Je compte terminer ces 6 ascensions vers 21h30. Nous sommes aidés par Aurélie la fille d’Arthur qui restera jusqu'au matin au sommet et ensuite au chalet Raynard
pour nous ravitailler en eau, nourriture et s'occuper de nos vêtements.
Voici quelques détails sur les 3 ascensions pour ceux qui éventuellement ne connaissent pas le
Ventoux.
La montée par Bedoin
est de 21 km avec un dénivelé de 1610 m et une pente moyenne de 7,5 %.
·
Les 6 premiers km jusque Saint-Estève se montent sur le plateau central,
·
alors commencent 9 km avec une pente avoisinant les 9 ou 10 % jusqu'au chalet Raynard,
·
on termine par 6 km et 8 virages où le vent peut jouer un rôle
prépondérant.
La montée par Malaucène est aussi de 21 km avec un dénivelé de 1570 m et une pente moyenne de 7,5 %.
·
Les 10 premiers km sont assez irréguliers au point de vue de la pente, par contre sur presque 4 km
la pente tourne autour de 10 ou 11 % avec de grandes lignes droites.
·
Près du Mont Serein, on peut récupérer sur 1 km puis on termine par 6 km à pente variable.
La montée par Sault fait 26 km, un dénivelé de 1180 m pour un pourcentage moyen de 4,7 %.
·
On commence par une descente de 1 km, puis 18 km de montée facile,1 km de faux plat pour arriver au
chalet Raynard et on termine comme pour la montée par Bedoin.
Au total, il y a 132 km de montée avec une pente moyenne de 6,6 % et un dénivelé de 8886 m, ce qui correspond presque à faire 89 km à 10
%.
…Et maintenant voici l’histoire de notre périple….
22h30 nous quittons la maison de Thierry (merci pour l'hospitalité) à Saint-Rémy de
Provence.
A minuit, nous entamons notre première ascension. Rapidement Arthur disparaît dans le noir. Comme
je dispose d'une journée entière, je décide lors de la première montée, de m'arrêter au moins une fois à chaque ascension pour ménager mon estomac qui réagit souvent mal lors de longs efforts
et m'empêche alors de manger. Je m'arrête donc au chalet Raynard et mange une tartine, puis reprends la montée pour arriver au sommet vers 2h15. Arthur me précède de 10 min. Je bois une tasse
de café, mange une tartine, revêt un coupe-vent supplémentaire car il ne fait que 5 ou 6°. La descente est particulièrement pénible à cause de la nuit, du gibier (sangliers, biches, chevreuils)
que chacun a rencontré 2 ou 3 fois. Je croise Arthur qui a déjà fait 3 km de la deuxième montée.
Je
quitte Malaucène vers 3 h. Après 3 km, j'entends biper mon GSM, mais dans le noir et sans lunettes je ne sais pas le lire. Un peu plus tard après avoir vu quelques sangliers, j'entends devant
moi des aboiements. Je balaie la route avec mon phare et vois sur le bord de la route un grand chien blanc qui aboie. Je hurle deux fois et heureusement le chien se met sur le côté. Arthur qui
m'avait envoyé le message a été suivi pendant 200 m par ce chien. Je continue la montée jusqu'au Mont Serein où je m'arrête pour manger.
Le jour commence à poindre et je découvre tout autour du sommet des nuages très menaçants. J'arrive
au sommet après 2h20 de montée, Arthur a mis 2h15 et me précède de 20 min. Une bonne tasse de café, une tartine pour une descente vers Bedoin dans une presque clarté. Dans la descente je
rencontre un peu avant Sainte-Estève Arthur qui a des problèmes pour s'alimenter.
Il est
6h15 quand je vais pointer à la boulangerie et acheter un croissant que je mange directement. Un peu avant Sainte-Estève, je m'arrête pour retirer mon coupe-pluie. Je continue jusqu'au chalet
où je mange. J'arrive au sommet après 2h 25 de montée. Arthur a mis 2h15 et me précède d'une heure environ. Je remplace la roue dynamo et enlève le phare. La descente est beaucoup plus facile
et je croise de nombreux cyclos. A Malaucène, je cherche une pâtisserie où je pointe ma carte et achète un éclair au chocolat que je mange près du boulodrome.
Je
quitte Malaucène vers 9h50 pour la montée que je crains le plus à cause de la chaleur du bas (près de 25°) et de ces pentes à 10 ou 11%. Après 4 km je m'arrête pour tirer mon
sous-pull. Avant de commencer la partie délicate, je m'arrête de nouveau pour manger une tartine qui passe difficilement. Je poursuis la montée tantôt en dépassant quelques cyclos mais surtout
en étant dépassé par beaucoup d'autres. La montée a duré 2h15, Arthur ayant mis le même temps. Je descends au chalet Raynard où il est possible de déguster un potage. Je m'y rends avec Aurélie,
un peu avant de sortir, survient une averse de grêlons qui refroidit sérieusement l'atmosphère. J'attends la fin de l'averse et m'habille assez fort. Dans la descente vers
Sault je rencontre Arthur qui s’arrête, il me dit qu'il ne sait plus manger, qu'il va probablement faire 6 montées et que l'on pourrait faire la dernière ascension ensemble. A Sault, je mange
une barre de céréales avec un café, quitte les vêtements de descente. Le garçon de café prévoit de l'orage dans quelques heures.
Après 5 km de montée, des éclairs et des coups de tonnerre retentissent à ma droite, puis peu après
à ma gauche: je suis en plein milieu de l'orage. Je remets le coupe-pluie et commence à avoir des appréhensions pour la réussite des 6 montées. A l'approche du chalet, la pluie cesse, je dépose
dans la voiture mon sous-pull et monte vers le sommet dans une circulation de fous: voitures qui font la course, motos en grand nombre et bien sûr de très nombreux cyclos. Au deuxième virage je
croise Arthur qui a décidé finalement de se limiter à 6 montées. Je lui propose de m'attendre au Chalet Raynard, de faire la descente et la montée ensemble en étant suivi par la voiture pour
éventuellement s'y réfugier en cas d'orage violent. A 1km du sommet, j'ai un petit coup de pompe, m'arrête au col des Tempêtes d'où on peut admirer un magnifique paysage.
Je repars aussitôt et arrive au sommet après 2h05 d'ascension, Arthur a mis presque le même temps.
Au sommet mon estomac refuse toute nourriture, il est temps d'aller boire une bière au chalet où m'attend Arthur. Je déguste cette bière et le serveur me prédit un autre orage qui vient de la
vallée. Après 1 km de descente survient une crevaison à l'avant, la réparation est rapidement faite avec l'aide d'Aurélie pendant que Arthur change de vêtement.
Départ vers 16 h de Sault pour une montée qui, nous le pensons, sera assez pénible.
Heureusement l'orage prévu est bien loin. Aurélie a décidé de nous attendre tous les 3 km. Après 6 km, arrêt pour changer d'habit et boire un jus de fruit. Opération
recommencée 6 km plus loin. On décide de ne pas s'arrêter au chalet car je pense que je serai obligé de le faire plus loin. Au chalet l'autre orage prévu n'est pas là et on entame les 6
derniers km de montée sous le soleil. La montée se fera très bien sans arrêt. En tout on a mis 2h15 pour cette dernière ascension.
Au sommet nous faisons la même réflexion « nous ne ferons jamais
plus une seule ascension en vélo du mont Ventoux » *Cette remarque intrigue un groupe de Français à qui nous expliquons notre périple. Ils conviennent que nous
sommes bien des « bicinglés ».
Dernière descente, Arthur en grand descendeur me prendra 10 min. De toute façon j'avais envie de
profiter de cette ultime descente. J'arrive à Bédoin vers 20h30, remercie Aurélie qui nous a bien aidés et félicite Arthur. Pendant que celui-ci pointe une dernière fois, je vais savourer un
délicieux mélange de malt et de houblon !
Nous
retournons à Saint-Rémy, retrouvons Alex qui a réussi de brillante façon son raid extrême en Provence, prenons rapidement une douche et puis nous nous rendons au restaurant.
Arthur a roulé pendant 16h28min à la moyenne de 16,5 km/h, j'ai
accompli ce parcours en 17h00 à la moyenne de 16,1 km/h.
ANDR PETIT
Le Bicinglé n°18
J’ai écris la première partie pour des raisons personnelles. La seconde, je l’ai écrite à la
demande d’Alex pour le Team Lux. Les photos ont été prises par Aurélie et le montage a été réalisé par Frédéric, mon beau-fils cyclo de Chimay.